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2023-02-19 11:56:01 +01:00

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title: CHANGE_ME 104
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Les uns l'évoquent comme un composant majeur de la décarbonation, d'autres sont beaucoup plus sceptiques sur sa capacité à changer massivement la donne dans les décennies qui viennent. De quoi s'agit-il ? Du plus petit élément du monde qui nous entoure : l'hydrogène.
Quoi qu'étant l'élément le plus abondant de l'univers et de loin, l'hydrogène n'existe pas à l'état natif (c'est à dire sous forme de molécule H2 "prête à l'emploi" que l'on pourrait trouver dans l'environnement) sur Terre, à l'exception de quelques flux (marginaux) provenant du sous-sol.
Pour disposer d'hydrogène "pur", il faut donc... de l'énergie, qui va servir à dissocier l'hydrogène des autres atomes auxquels il est généralement associé dans des molécules courantes. On peut ainsi le séparer de l'oxygène dans la molécule d'eau - H2O - par électrolyse, ou le séparer du carbone dans les hydrocarbures - de formule générale CnHp - par un procédé qui s'appelle le vaporeformage, et qui consiste à chauffer très fort un mélange d'hydrocarbures et de vapeur d'eau pour obtenir de l'hydrogène et du CO2.
Selon l'énergie utilisée pour opérer cette dissociation (de la chaleur pour le vaporeformage ou de l'électricité pour l'électrolyse), et selon l'usage final de cet hydrogène, l'affaire est potentiellement intéressante - ou pas - pour contribuer de manière significative "un jour" à la décarbonation d'une partie de nos flux physiques actuels (de transport, de production, etc), ou pas.
En 57 pages, Carbone 4 vous propose un panorama des modes actuels et futurs possibles de production de l'hydrogène, des usages actuels et futurs possibles, des contenus carbone actuels et futurs possibles des couples (production, usage), et cela permet de hiérarchiser les usages par ordre de pertinence (à savoir à la fois les plus accessibles techniquement - donc physiquement - et évitant le plus de CO2) pour cet hydrogène décarboné quand ce dernier sera disponible.
La publication fournit évidemment le contenu carbone de l'hydrogène s'il est produit avec de l'électricité toujours carbonée, et à ce moment il n'est pas difficile de constater que cela ne résout pas du tout nos problèmes. Dire "hydrogène" ne suffit donc pas.
Ce sont les usages "fixes" qui doivent bénéficer des premières molécules d'hydrogène décarboné, à savoir la production d'engrais, de méthanol et d'acier. Dans les transports terrestres l'hydrogène produit par électrolyse est pénalisé par un rendement global deux fois moindre que l'usage direct de l'électricité, et par une logistique complexe (qui n'est pas nécessaire pour les usages fixes).
La conclusion que l'on est tenté d'en tirer est donc que la puissance publique devrait flécher les premiers milliards injectés dans la filière hydrogène décarboné vers ces usages fixes et exclusivement ceux-ci. Incidemment c'est aussi la préconisation du Shift Project dans le Plan de Transformation de l'Economie Française. Toujours cette satanée physique !