3.2 KiB
date | li-id | li-url | title |
---|---|---|---|
2022-11-01T10:19:59 | 6993154668814069760 | https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_cop15-business-statement-business-for-nature-activity-6993154668814069760-VTdL | CHANGE_ME 102 |
Dans moins d'une semaine démarrera la 27ème COP (pour Convention Of the Parties : party = pays ayant ratifié la Convention Climat des Nations Unies) de la Convention Climat.
Mais une autre "COP" aura également lieu en décembre à Montréal : la 15ème de la "Convention sur la Diversité Biologique" (https://www.cbd.int/ ), également régie par les Nations Unies, et également signée en 1992 au Sommet de la Terre à Rio (comme la Convention Climat).
En vue de cette COP, plus de 300 entités du monde économique ont demandé aux gouvernements de rendre obligatoire, pour les entreprises "importantes et multinationales", et pour les institutions financières, l'évaluation et la publication de leurs impacts sur la biodiversité, et dépendances à cette dernière, et ce d'ici 2030.
Les signataires affirment par ailleurs que :
"Nous jouons notre rôle, en prenant des mesures telles que :
- L'évaluation de nos impacts et de nos dépendances vis-à-vis de la nature
- la divulgation de nos informations importantes sur la nature
- l'engagement public d'éviter et de réduire nos impacts négatifs (...)
- la transformation de nos stratégies et modèles d'entreprise pour restaurer et régénérer la nature (...)."
Que penser de cette initiative ? Poudre aux yeux, ou début d'une révolution ? La réponse est probablement exactement la même que pour le climat : un peu de tout ca !
Au sein de 300 signatures, on trouvera quelques entreprises extrêmement engagées, capables de renoncer à du chiffre d'affaires de manière très significative au nom de leurs convictions, c'est à dire capables de faire passer la biodiversité avant les euros.
Mais on trouvera aussi du cynisme absolu d'entités se disant qu'elles seront capables de faire illusion sans rien changer, en passant par toutes celles qui n'ont juste rien compris, et qui se disent que de toute façon 2030 c'est plus loin que le probable mandat du PDG en place.
Et puis le Diable sera dans les détails. En matière de climat il est facile de donner le change sans modifier significativement l'activité. Il suffit de postuler des améliorations venues d'ailleurs dont on bénéficiera, de fixer des objectifs relatifs (qui se sont toujours améliorés pour des raisons strictement économiques) et non absolus, de choisir un périmètre restreint qui ne couvre pas tous les liens de dépendance ou d'impact, d'utiliser des termes sans contenu normatif ("responsable", "vert", "durable", etc), bref le passé récent a offert un florilège de possibilités en la matière.
De même, les obligations imposées par les états peuvent être réelles mais sans impact (et j'ai vu N fois des entreprises militer pour que ce soit le cas) : publication d'informations partielles, ou non pertinentes, ou avec des sanctions non dissuasives en cas de défaut, etc...
Pour la biodiversité comme pour le climat, la vraie révolution est d'accepter que les états diminuent délibérément une large partie des business existants. Est-ce vraiment la volonté des signataires de ce texte ?