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date: '2022-11-18T18:35:25'
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li-id: 6999439943286554624
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li-url: https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_carrefour-acte-le-d%C3%A9classement-de-la-soci%C3%A9t%C3%A9-activity-6999439943286554624-9L7t
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title: CHANGE_ME 86
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Vive la croissance verte ! Vous savez, celle qui ne suppose pas de consommer plus de ressources, et qui va donc permettre de marier PIB en hausse et flux physiques en baisse.
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Sauf que... cette croissance là, à supposer qu'elle arrive, ne permet pas d'avoir la constance en volume des objets parfaitement matériels que les françaises et les français achètent. Et il se trouve que, pour le moment, et probablement pour un certain temps encore, les brosses à dents, machines à laver, mètres carrés de moquette, pantalons, produits alimentaires, mètres carrés de logement, tonnes de voitures, sans oublier les mètres cubes de gaz ou d'eau qui entrent dans un logement sont parfaitement matériels.
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Si les flux physiques de production baissent parce que la quantité d'énergie disponible - et donc la quantité de machines au travail - baisse, peu importe la façon dont les choses se passeront sur le plan des prix : de fait il sera plus difficile à la population de ce procurer tout ce qui est "physique", du tube de colle aux kilomètres en voiture, en passant par les téléphones, les cartables et les pâtes à la tomate.
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Or, l'énergie disponible baisse en Europe depuis 2007. Donc la production domestique de ce qui est "physique" y baisse (la confirmation se trouve dans les séries longues des tonnes chargées dans les camions et des mètres carrés construits en Europe). On peut temporairement compenser par des importations payées par des revenus "autres" (activités financières et bénéfices rapatriés, par exemple), mais cette manière de procéder a ses limites.
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Il se trouve que cette baisse de la possibilité d'acheter se traduit déjà de façon monétaire. Le revenu disponible des ménages est en effet passé par un maximum en 2010 et a fortement baissé ensuite, avant de remonter à partir de 2014 (quand l'énergie disponible en Europe est remontée grâce au shale oil !), sans pour autant revenir au niveau antérieur.
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Et surtout la logique voudrait malheureusement que cet indicateur reparte à la baisse, dans le droit fil de l'approvisionnement énergétique européen qui va faire de même (NB: la série de l'INSEE que j'ai obtenue sur https://bit.ly/3UR7BRR s'arrête en 2019).
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L'article des Echos qui annonce la création par Carrefour d'une nouvelle enseigne ciblant les faibles revenus ouvre probablement une nouvelle ère : celle de l'économie... des économies. L'auteur rappelle à juste titre que l'on peut mettre dans le même panier que cette nouvelle enseigne Blablacar, AirBnb, la colocation, les bus Macron et Too Good to Go : à chaque fois c'est une réponse pour conserver des services dans un monde avec matériellement moins.
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Faut-il se plaindre d'avoir moins de références et moins d'emballages dans les magasins ? Faut-il appeler cela déclassement (donc pauvreté), comme le font Les Echos, ou sobriété ? Tant que nous vivrons dans une société de la tentation, c'est probablement la première réponse qui sera la bonne, hélas. Il reste à inventer le récit pour passer à la seconde. |