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date: '2022-11-05T10:37:16'
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li-id: 6994608569127968768
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li-url: https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_assurer-le-risque-climatique-laffaire-activity-6994608569127968768-I5uI
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title: CHANGE_ME 98
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"Un monde à 4°C n'est pas assurable" : on se souvient (ou pas !) de cette déclaration d'Henri de Castries (ex-patron d'Axa), pour rappeler qu'on ne pouvait compter sur les assureurs pour servir de filet de sécurité en cas de réchauffement trop prononcé.
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Dans une tribune récente parue dans Les Echos, le président du premier réassureur français (SCOR) confirme que ceux qui sont à risque dans cette histoire sont les assurés et non les assureurs. Il a largement raison.
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Tout d'abord, le changement climatique va surtout endommager des actifs naturels qui valent zéro par convention dans l'économie, et ne peuvent être ni assurés, ni remis en état. La Mer de Glace, la pluviométrie en France ou les coraux tropicaux ne peuvent pas être remis en état si nécessaire par une bonne police d'assurance ! Et dans ces cas de figure le risque est à l'évidence porté par les humains qui bénéficient des services naturels, non par l'assureur.
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Ce qui peut éventuellement être assuré est le défaut d'activité économique qui fait suite à la disparition d'actifs naturels : si le Rhin baisse trop pour que les barges passent, l'industriel en bord de Rhin peut essayer de s'assurer pour les pertes d'exploitation qui en résultent. Mais ca ne fait pas revenir le Rhin.
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Il y a ensuite l'argument que l'assureur n'aimerait pas le risque. C'est tout le contraire : sans risque il n'y a pas besoin d'assurance. Le métier de l'assureur est, pour un risque donné, de "prévoir" l'ampleur des dommages possibles pour les assurés, et de faire payer à ces derniers le cout de son service pour le même montant plus sa marge.
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Quand il y a un risque de devoir payer plus que les primes encaissées (alea trop volatil et prévision des dommages trop imprécise, et/ou consentement à payer de l'assuré pas assez élevé), alors l'assureur cesse de proposer ses services. Pour l'assureur, le risque est "juste" une diminution de son activité dans le segment considéré.
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Pourquoi est-ce que cela ne semble pas chagriner plus que ca l'auteur de cette tribune qui rappelle ce fait ? Probablement parce que toutes les projections économiques "voient" de la croissance à l'infini, climat ou pas (même les scénarios "compatibles accord de Paris" utilisés pour les modélisations du GIEC postulent de la croissance économique ininterrompue jusqu'en 2100).
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Le secteur de l'assurance sait que son chiffre d'affaire est grosso modo proportionnel au PIB. La seule crainte que lui inspire la dérive climatique est alors de devoir basculer sur d'autres types de risques, mais comme la solvabilité globale de ses clients est censée suivre la croissance, le climat est juste un motif d'arbitrage de son portefeuille de risques assurés.
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Evidemment l'équation change du tout au tout si la dérive climatique peut contracter le PIB (et non juste le faire croitre moins vite). Pour avoir vraiment peur, les assureurs devront donc se convaincre que la dérive climatique est susceptible d'engendrer une récession structurelle. Nous n'y sommes pas. |