jancovici-updates/true_content/posts/2022/12/change-me-47.md
2023-02-19 11:56:01 +01:00

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title: CHANGE_ME 47
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Très intéressante audition de Patrick Pouyanné par la "Commission d'enquête visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d'indépendance énergétique de la France".
Qu'on le veuille ou non, à très court terme la sécurité d'approvisionnement du pays dépend largement du comportement des acteurs du monde pétrolier et gazier, de fait numériquement moins couvert par les auditions de cette commission que le secteur électrique, alors que les hydrocarbures dominent dans l'approvisionnement national. Les quasiment 2 heures passées avec le PDG de Total permettent de comprendre, de façon bienvenue, beaucoup de choses sur le fonctionnement de ce monde là.
Une des préoccupations du moment est bien sur l'approvisionnement en gaz. Avec l'arrêt des importations russes, la marge de manoeuvre restante est le Gaz Naturel Liquéfié, pour lequel nous sommes en concurrence avec le reste du monde. Un moyen de faire baisser les prix à court terme serait de nouer des contrats de long terme. Mais.... cela signifie que l'on s'engage à consommer du gaz longtemps, ce qui est contradictoire avec l'engagement de neutralité !
Pouyanné explique aussi pourquoi il a investi dans les centrales électriques à gaz : l'essor des modes électriques intermittents rend de toute façon nécessaires ces moyens de production si l'on veut un approvisionnement électrique continu (à ce propos il affirme que le nucléaire français n'est pas modulable, ce qui est inexact et est une des deux erreurs que j'ai relevées dans son propos).
Pouyanné confirme dans cette audition que le taux naturel de déclin des puits de pétrole en production dans le monde est de 4% à 5% par an, ce qui lui fait conclure que, pour que son secteur fasse sa part dans les objectifs climat, il suffit d'arrêter d'investir (mais il dit que ce n'est pas encore le moment, ce qui est inexact puisque les émissions devraient baisser de 5% par an dès demain matin pour tenir les 2°C).
Il indique que Total a regardé le nucléaire mais a reculé à cause de la longueur des engagements, qui ne lui semblent compatibles qu'avec le mode de fonctionnement d'une entreprise publique.
Il s'exprime aussi sur le solaire, l'éolien, la "concurrence" sur l'électricité, le biogaz, l'hiver 2023 qui sera plus compliqué que l'actuel, la demande énergétique des pays émergents qui pour le moment est impossible à satisfaire sans fossiles additionnel, la Californie et le Qatar...
A défaut de fournir les bonnes réponses pour certain(e)s, cette audition permet de poser quelques questions qui piquent un peu. Et quand la réponse de Pouyanné nous agace, c'est parfois tout simplement parce qu'il nous place face à nos propres contradictions.