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2023-02-19 11:56:01 +01:00

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title: CHANGE_ME 54
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Il y a 2 siècles, l'émergence du charbon "de terre" en Europe a contribué à sauver ce qui restait des forêts. A cette époque, tout terrain de plaine ou à peu près avait été défriché pour faire place aux cultures, mais il restait des forêts situées sur des terrains trop pauvres ou trop accidentés pour être facilement utilisés pour l'agriculture. Ces forêts étaient mises à rude épreuve par l'utilisation croissante du bois par les forges et le chauffage des villes.
Depuis que les combustibles fossiles ont été utilisés en quantités croissantes, les forêts sont partiellement revenues. D'abord la pression sur le bois de feu a baissé, ce dernier étant remplacé d'abord par le charbon (chauffage et cuisson), puis par le gaz pour les mêmes usages.
La productivité à l'hectare a fortement augmenté grâce à la mécanisation et aux intrants (engrais et phytosanitaires), c'est à dire grâce au pétrole et au gaz. Cela permet de produire plus avec moins de surfaces (avec quelques effets de bords sur la biodiversité...), et a engendré une "reprise forestière" sur d'anciens terrains agricoles ou pâturages cessant d'être exploités.
Mais voilà : le stress croissant sur les énergies fossiles est en train d'inverser la donne. Cet article du Guardian explique que les irlandais reviennent à la tourbe (le pire en matière d'émissions de CO2 par unité d'énergie) parce que le gaz et le pétrole sont plus chers (car moins disponibles), et les allemands au bois (mais ca doit probablement être aussi vrai pour les français), avec dans ce dernier cas du "braconnage", c'est à dire des prélèvements illégaux qui augmentent.
Il était à craindre que, au moment où les combustibles fossiles feraient défaut, cela ferait revenir la pression sur le bois et la biomasse en général que charbon, pétrole et gaz avaient supprimé. C'est exactement ce que l'on constate actuellement : les ménages veulent se chauffer, les voitures rouler, les avions voler,et l'industrie tourner à la biomasse, et tout cela est en train de créer une pression croissante sur le vivant.
Si nous voulons garder des forêts dans un contexte de pression climatique croissante et de pression énergétique croissante, il va falloir à la fois (re)planter les bonnes espèces, bien gérer les usages aval pour répartir au mieux la ressource rare, et... probablement embaucher quelques gardes forestiers de plus.