jancovici-updates/true_content/posts/2023/01/change-me-22.md
2023-02-19 11:56:01 +01:00

26 lines
No EOL
3.2 KiB
Markdown

---
date: '2023-01-24T07:35:54'
li-id: 7023553958300250112
li-url: https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_pourquoi-la-france-produit-de-moins-en-moins-activity-7023553958300250112-1zJW
title: CHANGE_ME 22
---
Dans les émissions d'origine agricole, l'un des postes importants en France est le méthane émis par le cheptel bovin. Ce méthane vient de la fermentation des végétaux dans la panse de ces grosses bestioles, et ressort sous forme de rots pour l'essentiel.
A cela il faut rajouter les émissions des cultures fourragères le cas échéant (maïs, soja, céréales, pois...). Ces cultures engendrent des émissions de CO2 pour la fabrication des engrais, et des émissions de N2O (un gaz à effet de serre 265 fois plus puissant par kg que le CO2) lors de l'épandage de ces derniers. Le résultat est que manger un kg de boeuf conduit à l'émission de plusieurs dizaines de kg d'équivalent CO2.
On pourrait donc se réjouir de la baisse du cheptel évoquée par cet article des Echos, expliquant que, depuis 2016, il y a une tendance en ce sens. Sauf que cette évolution n'est pas du tout pilotée, dans un contexte où les éleveurs verraient leurs revenus maintenus avec des prix unitaires qui augmentent, et des méthodes qu montent en gamme.
Elle est subie, à cause :
- du non renouvellement des exploitations (de fait éleveur est un métier très contraignant et peu rémunéré)
- de la hausse des couts (énergie donc engrais, aliments...).
Mais en face les consommateurs n'ont pas modifié leurs habitudes alimentaires. La conséquence est donc une hausse des importations, et par ailleurs une constance de l'empreinte carbone (pour "la planète", la situation n'a pas changé).
Dans le même temps, les consommateurs mangent de moins en moins de fruits et légumes, en particulier les jeunes : selon le président de l'Interprofession des fruits et légumes, les personnes de moins de 35 ans en mangent 4 fois moins que leurs grands parents (https://bit.ly/3Xwb7T5 ).
Il y a donc la théorie et il y a les faits. En théorie, il faudrait que nous mangions plus de végétaux et moins de viande, et il faudrait que cela se fasse dans un contexte où les exploitants ne sont pas les premiers pénalisés par cette évolution. Rappelons que les exploitants agricoles, aujourd'hui, représentent 2% du PIB, ce qui signifie que la production des denrées agricoles brutes représente de l'ordre de 2% du budget des ménages. C'était plus proche du tiers il y a un siècle !
Dans les faits, nous mangeons toujours autant de viande (et de plus en plus dans des produits transformés) et de moins en moins de végétaux directement utilisables, et par ailleurs il y a de plus en plus de produits "industriels" (dont les boissons) et beaucoup trop de sucre.
Idéalement, il faudrait que le cheptel diminue dans un contexte bien différent : que des éleveurs aussi nombreux gèrent des troupeaux plus petits et mieux valorisés, et cela dans un contexte où la population modifie ses habitudes alimentaires pour que ce ne soient pas des importations qui prennent le relais (ce qui se passe aussi dans la volaille). Un sujet de plus où il faudrait se creuser un peu plus les méninges !