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2023-01-13T22:08:17 | 7019787230227390464 | https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_projet-de-loi-%C3%A9nergies-renouvelables-la-activity-7019787230227390464-05ON | CHANGE_ME 32 |
Le projet de loi sur les énergies renouvelables se concentre essentiellement sur l'électricité. De fait, dans l'exposé des motifs du projet initialement déposé au Sénat (253 pages ! https://lnkd.in/eq2amZEk ), il est surtout question d'éolien et de photovoltaïque, et un peu de méthanisation.
Pourtant, dans notre pays, 45% de l'énergie sert à avoir de la chaleur, et aujourd'hui cette dernière est essentiellement fossile. Dans ces usages on va trouver :
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le chauffage des logements et des bâtiments dits tertiaires (en gros tout ce qui n'est ni logements, ni bâtiments industriels : bureaux, commerces, hôpitaux, écoles, piscines, casernes, musées...)
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la production d'eau chaude sanitaire dans ces mêmes bâtiments, et plus marginalement la cuisson
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la chaleur industrielle, importante dans les matériaux de base (métaux, ciment, chimie de base, papier), dans la chimie de spécialité et dans l'agroalimentaire
C'est le gaz qui est la première source de chaleur en France (dans l'autre sens 55% du gaz sert au chauffage). Par les temps qui courent, il n'est peut-être pas idiot de se pencher sur la manière de le remplacer par de la chaleur renouvelable.
Font partie de cette catégorie la biomasse solide (bois buche et granulés) ou gazeuse (biogaz), la géothermie profonde (on extrait la chaleur du sous-sol pour chauffer des bâtiments), les pompes à chaleur (puisant les calories dans l'air ou dans le sol, et qui peuvent aussi servir pour des usages industriels à haute température), et le solaire thermique (pour l'eau chaude sanitaire ou le chauffage avec un plancher chauffant).
Ces solutions sont matures, elles substituent directement du gaz ou du fioul l'essentiel du temps (et quand elles substituent de l'électricité ca sera toujours ca de gagné pour la mobilité électrique ou l'électrification d'usages industriels), ne posent pas de problème particulier d'approvisionnement en métaux, et elles sont économiquement équivalentes aux alternatives fossiles.
Question biodiversité, le tableau est plus nuancé : pour les pompes à chaleur, le solaire thermique et la géothermie, les atteintes sont faibles. Ces dispositifs occupent peu d'espace en plus du bâti existant. C'est plus délicat pour la biomasse : il faut évidemment éviter la déforestation, ou la perte de biodiversité en remplaçant les forêts diversifiées par des plantations monospécifiques d'espèces à croissance rapide.
Mais globalement il y a beaucoup de potentiel et peu d'effets pervers à leur déploiement. Pourtant, la priorité a été surtout donnée aux ENR électriques. Est-ce si pertinent ?
Incidemment il y a une autre source de chaleur décarbonée qui n'intéresse personne : celle issue du refroidissement des centrales nucléaires, soit environ 600 milliards de kWh, soit environ ce qui est utilisé en France en énergie fossile pour le chauffage et l'eau chaude sanitaire !