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2023-02-19 11:56:01 +01:00

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date: '2023-02-10T18:02:56'
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title: CHANGE_ME 7
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2022 ne restera pas dans les mémoires des agriculteurs comme une année très sympathique. Au mieux les cultures n'ont pas souffert par rapport à 2021, et au pire elles ont connu une baisse de rendement, de l'ordre de 15% pour le maïs ou le soja.
Mais c'est surtout sur l'herbe, qui fait l'objet de peu de systèmes irrigués, que la chute a été la plus forte : il y a eu un déficit de production des pâturages d'un tiers par rapport à la moyenne 1989 - 2018, ce qui a fortement baissé une partie de la production de fromage AOP (par exemple pas de Salers cet été).
Cet article de Carbone 4 vous propose un petit tour d'horizon de l'année écoulée, complétée par une analyse prospective sur 4 départements du Sud-Ouest (Aveyron, Tarn, Tarn-et-Garonne et Lot).
A cause de l'inertie de la dérive climatique (qui s'amplifie tant que les émissions mondiales nettes ne sont pas nulles), les situations adverses vont se multiplier, et il est plus que temps de réfléchir à ce que nous allons faire en face, surtout qu'à l'horizon de quelques décennies il va aussi y avoir un sujet sur la disponibilité de l'énergie fossile, qui est partout dans les cultures : pour fabriquer les engrais azotés, pour les amener dans les champs, pour faire avancer les tracteurs, pour faire avancer les camions à l'aval du champ, pour faire tourner le secteur agroalimentaire....
L'agriculture est par ailleurs un système humainement inerte : les actifs y aiment les traditions (ce qui est une manière de dire qu'ils n'aiment pas le changement !), la rotation du capital y est lente, et enfin y faire venir du monde ne se fait pas en un claquement de doigts.
Pour minimiser les dégâts, le maître mot, là comme ailleurs, est donc l'anticipation. Mais comment anticiper alors que nous avons bâti un système économique et réglementaire dont la première priorité est de tirer les prix vers le bas - ce qui prive le secteur de moyens d'investissement - sur la base de la compétition - qui raccourcit les horizons de temps - et pas du tout d'assurer la pérennité physique d'un système résilient ?
Le secteur agricole n'est ni assez riche ni assez libre de ses mouvements pour décider en toute autonomie de moyens de "faire ce qu'il faut" pour rendre son activité la plus résiliente possible, tout en abaissant la pression environnementale (émissions de gaz à effet de serre, phytosanitaires) dont il est à l'origine. Rappelons qu'il ne bénéficie aujourd'hui que de 2% des revenus économiques du pays, ce qui est peu pour un secteur dont 100% des autres activités dépendent.
Si nous voulons une agriculture à la fois plus résiliente face à l'amplification de la dérive climatique à venir et moins perturbatrice ce l'environnement, il y a un élément que nous allons difficilement pouvoir éviter : décider de payer la nourriture plus cher. Sinon c'est ce qui finira par arriver de toute façon, mais de manière moins bien organisée !